Le projet Galligeo est lauréat de l’appel à projets 2024 du BnF Datalab, il s’intéresse aux fonds et aux collections numérisées du département des Cartes et Plans de la BnF. Fort de près de 90 000 éléments cartographiques, Gallica offre une ressource unique et centralisée pour les chercheurs, historiens, géographes, urbanistes ou les amateurs éclairés, qui souhaitent mobiliser de l’information spatiale dans leurs travaux de recherche. Aujourd’hui, les Humanités Numériques et particulièrement les Systèmes d’Information Géographique (SIG) permettent d’intégrer des données issues de plusieurs sources différentes afin de pouvoir les rendre interrogeables et les croiser par des outils d’analyse spatiale afin de faire émerger une nouvelle connaissance propre à valider ou à invalider des hypothèses de recherche.

Les cartes et plans disponibles via Gallica sont des fichiers informatiques, souvent de très bonne qualité, qu’il est possible de télécharger ou encore, pour les plus techniciens, d’intégrer et d’interroger par le biais des APIs mises à disposition par les services de la BnF. Ces cartes et plans sont proposés sans que ceux-ci ne puissent être directement intégrés dans un environnement logiciel de type SIG, de par le fait qu’ils ne sont pas par défaut associés à des coordonnées permettant de les utiliser dans un ou des référentiels géographiques. Actuellement, un utilisateur qui souhaite intégrer une carte dans un SIG peut passer par un logiciel bureautique tel que QGIS ou ArcGIS pour produire un calage manuel d’une carte sur un référentiel cartographique. Cette opération, appelée géoréférencement, produit une carte qu’il est possible de superposer et de faire coïncider avec d’autres données géographiques de type raster (plans IGN, cartes de Cassini assemblées, cadastres napoléoniens, fonds OpenStreetMap, etc.) ou encore des données vectorielles (Base de Données Topographique de l’IGN, relevés de terrain archéologique, données géohistoriques saisies par des collègues, plans locaux d’urbanisme, recherche notariale de parcelles historiques, etc.).

On peut ici dresser un constat sur cette utilisation :

  • la manipulation d’outils SIG peut être longue et fastidieuse, tant dans l’apprentissage technique que dans le temps passé pour le géoréférencement,
  • les cartes et plans géoréférencés restent souvent cantonnés à un stockage local non partagé et ne sont pas toujours valorisés, alors qu’on peut considérer qu’elles sont une nouvelle production, du fait de la valeur ajoutée associée à leur nouvelle utilisation.

Le projet Galligeo souhaite répondre à cette double problématique. Galligeo est une application web existante, développée sous la forme d’une preuve de concept ou PoC (Proof of Concept) dans le cadre du Consortium Huma-Num Projets Time Machine (CST PTM). Galligeo a déjà été présenté dans le cadre d’un atelier au BnF DataLab en avril 2023. Le géoréférencement de cartes anciennes est un axe important pour les historiens du CST PTM qui souhaitent intégrer des données géohistoriques dans leurs travaux. L’application en l’état permet déjà de géoréférencer des cartes et plans à partir d’un lien Gallica ARK, voir figure ci-dessous.

Les objectifs du projet déposé adressent alors plusieurs autres problématiques :

  1. l’expérience utilisateur (UX) d’une communauté apte à prendre en main l’interface, à l’utiliser et à la “critiquer”, il conviendrait alors de mener des ateliers de type datathon pour obtenir ces retours d’utilisation,
  2. par ce biais, la constitution d’une communauté d’utilisateurs qui seraient en mesure de constituer un fonds de cartes et plans géoréférencées et dont les ressources seraient directement publiées sur Nakala, de les rendre visibles et directement exploitables par d’autres utilisateurs,
  3. l’enrichissement de l’outil par d’autres algorithmes de géoréférencement. Actuellement, une seule transformation est possible, plutôt générique, elle fonctionne bien avec des cartes déjà topographiquement correctes, donc postérieures au milieu du XVIIIème siècle.